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Laurent Boillot, aux avant-postes du développement durable
27 février 2024
Carole Bellemare
Photo : DR
Le président du Comité Colbert dresse le bilan des engagements du luxe français
Lorsqu’il a été élu en 2022 président du Comité Colbert, le « club» des marques de luxe françaises, ce fut l’un des engagements de Laurent Boillot : promouvoir un luxe durable et responsable.
La publication ces jours-ci, pour la troisième année consécutive, du bilan des actions des 93 Maisons de l’association constitue pour le dirigeant, par ailleurs aux commandes des cognacs Hennessy, un temps fort alors que la prise de conscience de la planète luxe de sa responsabilité en matière de protection du climat et de la planète est de plus en plus prégnante.
Les consommateurs, les collaborateurs , les actionnaires sont aussi de plus en plus sensibles à ces questions. Si cette année, le Comité Colbert a choisi le New York Times pour mettre en lumière les engagements ESG de ses maisons membres, ce n’est pas un hasard : les États-Unis sont le premier marché de l’industrie du luxe.
« French Luxury is reinventing the life cycle of products », titre le magazine américain qui dresse un bilan des multiples actions des membres sur l’ensemble de la chaine de valeurs : ressources humaines, sourcing des matières premières, éco-conception, transport et après-vente... Tous les sujets y sont abordés «avec toujours le même souci de transparence » et des exemples concrets émanant d’un questionnaire envoyé aux marques.
On y apprend ainsi que 96% des entreprises ont effectué un bilan carbone allant jusqu’au Scope 3, que 87% mènent des actions en faveur de la biodiversité, enfin que 100% ont mis en place une politique de réduction et de valorisation des déchets. Les 14 secteurs d’activité composant l’industrie française du luxe sont également décryptés dans cette étude. Celle-ci inclut aussi un dossier central sur la réinvention du cycle de vie des produits et les multiples innovations des griffes .
En créant en 1954 le Comité Colbert, Jean-Jacques Guerlain s’était montré pionnier en se posant en chef de file de l’association d’intérêt général représentative du luxe tricolore. Il ne se doutait pas que soixante-dix ans plus tard, le prestigieux club jouerait un rôle aussi moteur dans la défense de notre monde moderne. « Telle une équipe de France des savoir-faire, nous cumulons ensemble 18 000 ans d’expertise, de passion et de valeurs partagées. Un âge canonique qui nous permet d’affirmer aujourd’hui que nous sommes un collectif puissant avec des droits, ceux de partager nos rêves, mais aussi des devoirs », fait valoir aujourd’hui le président Laurent Boillot.
« Ensemble, les maisons du Comité Colbert sont convaincues que pour être exemplaires, elles doivent innover sur tous les sujets de la sustainability. Ensemble, elles savent que notre conscience mutuelle s’enrichit de nos échanges, de notre intelligence collective et que la seule façon de travailler consiste à avancer en coalition pour ne plus considérer la durabilité comme une source d’avantage compétitif mais comme un objectif de bien commun».
La prise de conscience est donc désormais bien ancrée et les avancées, concrètes. On apprend par exemple dans le bilan dressé par Colbert que 202 000 réparations ont été effectuées en 2022 par les ateliers Hermès, que le taux de revalorisation des invendus chez Céline atteint 100%, que Kering veut réduire de 40% ses émissions absolues de carbone d’ici 2035 ou encore que Cartier a investi près de 10 millions de dollars et récompensé 297 femmes à travers le monde avec son programme Cartier Women’s Initiative.
Car la responsabilité environnementale n’est pas la seule priorité du luxe français. Egalité hommes:femmes, engagement pour une plus grande diversité, lutte contre les violences faites aux femmes, soutien actif de la culture, des femmes entrepreneuses à impact.. : «Toutes les maisons du Comité Colbert réfléchissent à leur façon d’habiter dans la cité et d’agir sur le monde», résume le collectif emmené par le dirigeant de LVMH. Lors de la grande messe maison organisée en décembre à l’Unesco, Bernard Arnault, le PDG du N°1 mondial du luxe, avait d’ailleurs lui-même pris la parole pour exhorter l’ensemble des acteurs à s’unir dans cette croisade vertueuse. Afin de favoriser l’émergence « d’un luxe nouveau, à la confluence de l’excellence et de l’engagement».
Photo : Clo Le Guay
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