«Je suis heureux», a-t-il confié, ne cachant pas son émotion, en inaugurant avec Antoine Arnault, directeur Image et Environnement de LVMH , son havre de biodiversité dédié à la pédagogie, niché en pleine nature en bordure de la forêt de Rambouillet. Il en rêvait et le mécénat de LVMH lui a permis de le faire . «Quand tu es vu, tu as un devoir de faire avancer le monde », martèle Yann Arthus-Bertrand. Sa cause est définitivement de sensibiliser  ses congénères à la préservation de la nature.

 Il y a trois ans quand, à proximité de son fief familial, une trentaine d’hectares de terres ont été mis en vente, il a vendu son fonds photographique pour les acquérir via l’Association de la Vallée de la Millière qu’il a créée. Avec une obsession: réensauvager ces champs. Car il n’a jamais oublié les biches et les cerfs qu’il y voyait courir quand il était enfant...

Son fils Tom est désormais à la manoeuvre, pilotant ce projet d’envergure développé avec le groupe de Bernard Arnault. Le charismatique photographe-réalisateur-académicien a des liens étroits et des intérêts bien compris avec le N°1 mondial du luxe dont il est administrateur et censeur et il n’a pas eu de mal à convaincre ses dirigeants, dont Hélène Valade, d’embarquer dans l’aventure.

Interdépendance avec la nature

«Chez LVMH, nous sommes convaincus que le changement commence de l’intérieur. Nos collaborateurs sont au cœur de cette transformation, souligne la directrice Développement Environnement qui lança auparavant  la stratégie verte de Suez avant de rallier LVMH en 2020. « En tant qu’ambassadeurs de notre stratégie environnementale, leur formation est essentielle pour relever les défis du développement durable», poursuit cette pionnière soulignant «l’interdépendance avec la nature» du groupe de luxe.

L’opération de mécénat « de plusieurs millions d’euros » a permis de rénover les bâtiments et d’aider au réensauvagement du site. Dés lors classé «Zone d’intérêt écologique Faunistique et Floristique», le domaine a pu bénéficier de travaux de rénovation « responsables », privilégiant des matériaux écologiques comme la laine de bois ou des meubles de seconde main. Au-delà des 28 hectares de réserve sauvage, un jardin pédagogique inspiré de la permaculture, le Jardin des Partages, s’appuyant sur une agriculture régénérative a été développé, avec le soutien de la Maison Guerlain,  par Tom à qui son père a transmis sa passion et ses convictions écolos.  

Ensemble, ils entendent dés lors participer à l’évangélisation des équipes de LVMH à tous les niveaux, conformément aux ambitions de la Life Academy. L’actionnaire de Louis Vuitton, Dior ou Berluti veut  d’ici 2026 former au campus de La Millière 100% de ses collaborateurs à tous ces enjeux de préservation de la biodiversité et du développement durable. Ils bénéficiaient déja de formations réparties sur les différents sites. L’an dernier, celles-ci ont représenté plus de 68 000 heures dans le monde soit plus du double qu’en 2022. 

Aujourd’hui avec ce lieu dédié, le groupe va monter encore en régime permettant aussi aux salariés des différentes griffes de se rencontrer sur le campus. Par ailleurs, des modules de e-learning sont en train d’être déployés partout dans le monde  où LVMH et ses maisons sont implantés.

Collaboration fructueuse

« Ce projet qui nous tient à coeur traduit non seulement notre engagement profond et durable envers la planète mais aussi une ambition de transformation accélérée, s’est félicité Antoine Arnault . Cette inauguration de notre premier campus environnement est marquée par une collaboration fructueuse » a poursuivi  l’administrateur soulignant « le rôle essentiel joué par Yann Arthus Bertrand et sa vision inspirante.»  Havre de biodiversité dédié à la pédagogie, le site sera aussi ouvert à un public plus large, comme les écoles, associations et ONG, LVMH réaffirmant ainsi sa volonté « de partager ses connaissances et ses savoir-faire avec un plus grand nombre ».

Alors que les premières formations ont déjà débuté, Yann Arthus Bertrand rêve de voir le concept du campus essaimer sur d’autres terres. « Je pense qu’il faudrait des milliers d’endroits comme cela en France pour restaurer la biodiversité », a-t-il glissé précisant qu’autrefois le lieu était une ferme... Guerlain. La famille du célèbre parfumeur a toujours ses racines dans le village voisin des Yvelines, Les Mesnuls. Et le père de la Fondation Good Planet de se réjouir du retour de la libellule, emblème de l’Association de la Vallée de La Millière,  du blaireau  ou de ce petit oiseau rare, le cysticole des joncs, devant le campus. « Je crois profondément que cette connexion intime avec le vivant nous permettra d’accepter totalement ce monde en proie au chaos. » C’est enfin de compte, « l’amour sans limite de la vie » qu’il veut transmettre.

Photo : Martin Colombet